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Cornachroniques
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Cornachroniques
  • Bienvenue. Je suis Daniel Libelart, humble cornac de ces chroniques. Je vous invite à suivre quelques libraires dans leurs aventures quotidiennes parsemées de rencontres en tout genre. Toute ressemblance avec des personnages réels serait purement fortuite
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8 novembre 2011

Des oreilles qui traînent

Justin a le nez au vent, tout comme Ernest, quand deux demoiselles débutent le spectacle.

Une brune et une blonde. Elles sont adolescentes mais font les femmes. D’ailleurs elles portent des vêtements de femmes. Et des vêtements de marque. Elles ont au bas mot une twingo sur elle. La valeur d’une twingo, entendons-nous. Elles parlent fort et vite.

     - C’est trop nul, je ne me souviens plus de son nom, dit la brune. En plus ici, ça capte pas, dit-elle en tapotant sur un téléphone portable nacré. Valeur : un mi-salaire de libraire.

     Ne plus être connecté au monde est une chose difficile, voire insupportable. Dans l’échelle des malheurs de ces deux héritières, cela se situe entre l’ongle cassé et la coupe de cheveux ratée. 

     - Mais tu n’as pas un bout du titre, demande la blonde.

     - Non. Pfff, souffle la brune en recoiffant ses cheveux raidis et méchés. Impossible, je ne me souviens plus de son nom. Le prénom, je crois que c’est Laure. Mais en même temps c’est un homme.

     - Un homme ? dit la blonde.

     - Oui, le prof nous a montré sa photo, il avait un visage uriné, je te dis que ça, affirme la brune.  

     - Le visage uriné ?

     - Oui, le visage bien uriné même.

     - Uriné ?! répète la blonde d’un air un peu mesquin.

     - Oui, uriné, s’agace la brune. Je sais encore ce que je dis. Uriné, du mot urine. De la couleur de l’urine en fait. Je ne vais pas te faire un dessin. Tu m’as pris pour Paris Hilton.

     - C’est bon, t’es pas obligée de me parler mal.

     Contre toute attente, la brune étreint sa blonde copine.

     - Excuse ! Je suis trop stress en ce moment. On va faire un break dans la galerie. Je vais te montrer des bottes, tu vas halluciner.

    - Les vertes ? demande la brune.

    - Ah, je t’en ai déjà parlé. Mais là, elles sont soldées à 2200.

    - Carrément ! hallucine la brune.

    Elles filent ainsi, bras dessus, bras dessous.

Justin et Ernest se regardent.

    - Je vais faire une petite pause dit Ernest. J’ai le ventre ballonné, il faut que j’aille buriner dit-il de son petit sourire moqueur.

    Justin rit de bon cœur.

 

    Une demi-heure plus tard, elles reviennent. La brune désormais bottée de vert se rapproche de Justin.

    - Bonjour, dit-elle, est-ce que vous avez…

    Elle regarde son téléphone nacré et poursuit:

    - … L’or, de Blaise Cendr... Cendrars.

 

Sacrément buriné, le Cendrars.

 

 

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